abner
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Officiers pour la campagne 1755

Fri Jul 23, 2010 8:31 am

Bonjour ,

Voici une liste d'officiers qui pourraient être ajoutés à un futur patch pour la campagne de 1755.

FRANÇOIS-GABRIEL D’ANGEAC :


ANGEAC (Dangeac, Danjaique, Don Jacque), FRANÇOIS-GABRIEL D’, officier dans les troupes de la Marine et fonctionnaire colonial, né en 1708 à Plaisance (Placentia, Terre-Neuve), fils de Gabriel d’Angeac et de Marguerite Bertrand, décédé le 9 mars 1782 à Soubise (dép. de la Charente-Maritime, France).

François-Gabriel d’Angeac entra très jeune dans l’armée, comme l’avait fait son père. Il monta la garde pour la première fois à Port-Dauphin (Englishtown, Nouvelle-Écosse) à l’âge de huit ans seulement, mais il dut attendre jusqu’en 1723 avant d’être enseigne en second dans la compagnie de son père à Louisbourg, île Royale (île du Cap-Breton). Ses promotions se succédèrent au rythme lent qui était habituel dans les troupes de la Marine, mais, de 1738 à 1741 et de 1743 à 1745, il fut en poste à Port-Dauphin en qualité de lieutenant et servit parfois comme commandant de cet avant-poste.

Rappelé à Louisbourg pour participer à la défense de la forteresse en 1745, d’Angeac se rendit en France après la défaite. En 1746, il recruta des soldats en France pour les compagnies de la colonie. Promu capitaine en 1747, il se rendit à Québec avec une partie de la garnison de l’île Royale et retourna ensuite à Louisbourg lors de la réoccupation de l’île par la France en 1749. À titre de commandant de Port-Dauphin de 1751 à 1758, il en dirigea la reconstruction et prit la tête du détachement qui ouvrit, selon les ordres du gouverneur Jean-Louis de Raymond, une route de Port-Toulouse (près de St Peters, Nouvelle-Écosse) à Louisbourg. D’Angeac reçut la croix de Saint-Louis lors de son congé en France, en 1754. En 1758, il fut blessé à la poitrine pendant le second siège de Louisbourg.

De nouveau en France en 1760, d’ Angeac fut choisi à cause de sa bravoure, de son expérience et de sa connaissance de la région pour commander des troupes envoyées en renfort au Canada. Afin d’éviter la rencontre des Britanniques, le commandant de la flotte française, François Chenard de la Giraudais, chercha refuge dans l’embouchure de la rivière Restigouche (Nouveau-Brunswick) avec trois navires de guerre. Avec seulement 200 hommes, d’Angeac dirigea la construction d’une batterie et d’un poste de garde à Pointe-à-la-Garde (Québec), de même que de deux batteries en amont. Le 8 juillet, les Français causèrent quelques dommages à des navires britanniques sous les ordres de John Byron. D’Angeac resta sur la frégate Machault jusqu’à ce qu’on l’abandonne et ensuite conduisit la retraite des Français dans les bois.

Au cours des mois suivants, d’Angeac et ses officiers embrigadèrent quelque 2 000 Acadiens et Indiens, renforcèrent les défenses françaises et construisirent des fours pour soulager la population locale au bord de la famine. En août, quelques marins parmi ses hommes entreprirent de faire la course. Après la capitulation de Montréal, le major Robert Elliot* fut envoyé à Restigouche pour y présenter l’ordre du gouverneur Vaudreuil [Rigaud] de se rendre. D’Angeac, méfiant, détint l’officier pendant deux jours avant de se plier aux ordres. Le 30 octobre 1760, les troupes se rendirent. À son retour en France, plus tard en cette même année, il reçut une gratification de 900ª en reconnaissance de sa valeur.


JEAN FRANCOIS BOURDON DE DOMBOURG,

officier dans les troupes de la Marine, né le 29 décembre 1720 dans la paroisse Saint-Barthélemy de La Rochelle, France, fils de Jean-François Bourdon de Dombourg et de La Pinaudière, et de Madeleine Poirel ; il épousa le 6 juillet 1752, à Port-La-Joie (Fort Amherst, Île-du-Prince-Édouard), Marguerite, fille du marchand acadien Joseph-Nicolas Gautier*, dit Bellair, et ils eurent huit enfants ; décédé en 1789 ou peu après, probablement à La Rochelle.

Jean-François Bourdon de Dombourg fut amené à l’île Royale (île du Cap-Breton) en 1733 par son oncle Claude-Élisabeth Denys* de Bonnaventure. Il entreprit probablement dès ce moment sa carrière militaire, mais il ne fut fait cadet à l’aiguillette qu’en 1736. Manifestement, il était doué pour les langues : en 1739, il servait comme « Interprette des Sauvages Mikmak » et, en 1741, il fut officiellement envoyé à la mission de l’abbé Pierre Maillard*, sur l’île Royale, pour y perfectionner sa connaissance des langues indigènes. La même année, il perdit la main gauche en vérifiant des fusils qui devaient être donnés aux Indiens comme présents du roi. Cette mutilation ne--diminua pas, semble-t-il, sa capacité de se battre, puisque, en mai 1744, il recevait l’ordre d’assembler les Indiens en Acadie pour « faire la guerre aux Engles ». Avec 250 Indiens, il prit part, cet été-là, à au moins une attaque, infructueuse, contre Annapolis Royal (Nouvelle-Écosse). De retour à l’île Royale en novembre, il fut fait prisonnier au siège de Louisbourg l’année suivante et envoyé en France. Il servit au sein des expéditions ratées du duc d’Anville en Acadie en 1746, et du gouverneur La Jonquière au Canada en 1747.

Quand l’île Royale et ses dépendances repassèrent aux mains des Français, en 1749, à la suite du traité d’Aix-la-Chapelle, Bourdon fut immédiatement détaché à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) à titre d’interprète. Ayant obtenu plusieurs promotions au cours des années 1740, il fut finalement nommé lieutenant en 1750. À l’instar de plusieurs de ses collègues officiers, il servit dans des postes avancés comme l’île Saint-Jean et Port-Toulouse (près de St Peters, Nouvelle-Écosse) avant sa dernière affectation, à Louisbourg.

Une semaine avant la capitulation de Louisbourg aux mains d’Amherst, le 27 juillet 1758, Bourdon reçut l’ordre de rallier le « camp volant » de soldats de la Marine, de partisans acadiens et d’Indiens aux ordres de Charles Deschamps de Boishébert. En 1759, il était à Restigouche (Québec), en charge d’une poignée de soldats et de plus d’un millier de réfugiés acadiens. L’hiver de 1759–1760 fut dur : il fut réduit à manger « des peaux de bœuf, peaux de castore, et des chiens » . Mais la faim n’était pas son seul problème : les missionnaires Maillard, Jean Manach et Charles Germain étaient à négocier la paix avec les Britanniques. Bien que Manach tentât d’expliquer son attitude comme celle qui servait le mieux l’intérêt des Acadiens, Bourdon envoya aux Acadiens de Miramichi (Nouveau-Brunswick) une lettre dans laquelle il faisait appel à leur fierté. « Où est donc ce zèle pour la patrie, leur demanda-t-il, cette fermeté pour la religion » ? Manach intercepta la lettre, mais le contenu en fut bientôt largement connu, et Bourdon réussit à attirer à Restigouche un groupe d’Acadiens. Il prépara aussi, pour le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], un dossier dans lequel il accusait virtuellement les trois prêtres de trahison.

À la fin de mai 1760, Bourdon reçut une aide inespérée. Un convoi français à destination du Canada avait dû chercher refuge dans la baie des Chaleurs, non loin du poste de Bourdon. François-Gabriel d’Angeac, capitaine des troupes à bord des navires, prit le commandement du poste, et, avec François Chenard de La Giraudais, commandant du convoi, improvisa des ouvrages de défense. Le 27 juin, une escadre britannique sous les ordres du capitaine John Byron commença une attaque. Les forces françaises tinrent jusqu’au 8 juillet, jour où la frégate Machault et la plupart des navires ravitailleurs qui restaient furent incendiés. Les troupes se retirèrent alors dans les bois. Byron retourna à Louisbourg, et ce ne fut qu’à la fin d’octobre que le major Robert Elliot* arriva pour recevoir la capitulation des troupes françaises. Conformément aux termes de la capitulation, Bourdon fut envoyé en France. Sa femme et ses enfants furent emmenés à Halifax, Nouvelle-Écosse, et ne rejoignirent Bourdon à La Rochelle qu’en novembre 1764.



PIERRE ANDRE GOHIN, COMTE DE MONTREUIL

Pierre-André Gohin entra dans le régiment de Piémont à l’âge de 20 ans, à titre de lieutenant en second. Promu capitaine en 1746, il fit du service pendant la guerre de la Succession d’Autriche et, en 1755, il fut créé chevalier de Saint-Louis. La même année, il était promu au grade de lieutenant-colonel et nommé aide-major général des troupes régulières françaises au Canada, lesquelles étaient alors sous le commandement de Jean-Armand Dieskau*. Montreuil arriva à Québec le 26 juin et, en août, il se préparait à rallier son commandant au fort Saint-Frédéric (Crown Point, New York). Le 8 septembre, il servit comme commandant en second sous Dieskau dans la rencontre avec les troupes britanniques aux ordres de William Johnson, près du lieu où s’élèverait bientôt le fort George (appelé aussi fort William Henry ; maintenant Lake George, New York). Après la bataille, Montreuil dirigea la retraite des Français en direction du fort Saint-Frédéric. S’étant porté au secours de Dieskau, blessé au cours de l’engagement, il avait tenté de l’emmener avec lui, mais ce dernier lui avait ordonné de concentrer toutes ses énergies sur le combat.

Le fait que Montreuil n’ait pas transporté Dieskau hors du champ de bataille et n’ait pas empêché sa capture par les Britanniques souleva beaucoup de critiques. Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud], le 25 septembre, déclarait à Machault, ministre de la Marine, qu’il ne pouvait pardonner à Montreuil d’avoir abandonné Dieskau, en soulignant que l’ennemi citerait « pour preuve de sa victoire l’abandon de ce général, quoique dans le vrai, disait-il, il ait perdu trois fois plus de monde que nous ». L’auteur anonyme du « Mémoire du Canada » affirme que Montreuil battit en retraite contre les ordres de Dieskau et qu’il déserta lâchement son commandement. Cependant, Dieskau, dans ses lettres écrites d’Angleterre, en 1758, exonère entièrement son second de toute erreur de conduite, et le ministre de la Guerre, le duc de Belle-Isle, assurait Montreuil, la même année, qu’il le jugeait sans reproche. De fait, les critiques, à cette occasion, ne paraissent pas avoir nui à sa carrière, car en mars 1756 il était nommé aide-major général de Montcalm*.

Parce que les officiers de l’armée régulière française et ceux des troupes de la Marine au Canada se disputaient les places et les honneurs, leurs relations étaient pour le moins tendues. Montreuil partageait la piètre opinion de Montcalm et de son état-major sur les Canadiens. Il attribuait l’échec de Dieskau, le 8 septembre 1755, non seulement au fait qu’il s’était trop approché des positions britanniques mais aussi à sa confiance injustifiée envers les Canadiens et les Indiens. Le Canadien, écrivait-il dans un rapport en date du 12 juin 1756, est « indépendant, méchant, menteur, glorieux, fort propre pour la petite guerre, très brave derrière un arbre et fort timide lorsqu’il est à découvert ». Montreuil accusait aussi Vaudreuil et les officiers canadiens d’entretenir des préjugés défavorables à l’endroit des Français, et il critiquait les dépenses extravagantes et inutiles du gouvernement colonial.

Montreuil participa au siège du fort William Henry en 1757 et à la bataille qui se déroula au fort Carillon (Ticonderoga, New York) en 1758, où, selon Montcalm et LÉvis, il se distingua. Ayant pris part à la campagne de Québec en 1759, il affirma avoir déconseillé à Montcalm d’engager le combat sur les plaines d’Abraham, parce qu’il croyait que les Français n’avaient pas suffisamment de soldats pour le faire avec succès. Il servit comme commandant en second à Sainte-Foy en 1760 et rentra en France après la chute de Montréal.

LOUIS THOMAS JACAU DE FIEDMONT

Officier de fortune, Louis-Thomas Jacau de Fiedmont entra dans l’armée comme bas officier puis fut admis, en 1743, comme cadet dans les canonniers-bombardiers de l’île Royale sous les ordres de son beau-frère Philippe-Joseph d’Allard de Sainte-Marie. Il fit par la suite un séjour en France et, en mai 1747, s’embarqua à l’île d’Aix, au large de Rochefort, sur le Sérieux qui faisait partie de l’escadre du gouverneur La Jonquière [Taffanel*]. Il fut fait prisonnier le 14 mai lors du combat livré à l’escadre britannique du vice-amiral George Anson au large du cap Ortegal, en Espagne. L’année suivante, il fut promu enseigne dans la compagnie des canonniers-bombardiers de l’île Royale et conserva le même grade lorsqu’il passa au Canada en 1750. Noté « très bon sujet », il fut nommé lieutenant le 1er avril 1753 et chargé du commandement de l’artillerie en Acadie. Il remplissait, semble-t-il, les fonctions d’ingénieur au fort Beauséjour (près de Sackville, Nouveau-Brunswick) lorsque celui-ci fut pris par les Anglais, commandés par Robert Monckton, en 1755. L’année suivante, il participa à l’attaque, menée par Montcalm*, contre Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York) et s’y distingua, ce qui lui valut sans doute d’être promu capitaine au mois de mars 1757.

L’année 1757 apporta d’autres satisfactions à Jacau. En mai il fut chargé de conduire au fort Carillon (Ticonderoga, New York) un détachement d’ouvriers qui avait été formé à Québec par le commandant d’artillerie François-Marc-Antoine Le Mercier. Arrivé au lac Champlain, il suggéra au commandant de ce secteur, François-Charles de Bourlamaque*, de construire des bateaux armés d’un canon et formant redoutes qui pourraient sillonner les lacs Champlain et Saint-Sacrement (lac George) comme de véritables batteries flottantes. Ce projet, qui avait déjà reçu la faveur de Montcalm, intéressa grandement Bourlamaque. Le 1er août, un bateau construit selon les plans de Jacau se trouvait à la tête de la flotte française qui, sous les ordres de Montcalm, se dirigeait vers le sud du lac Saint-Sacrement en vue de faire le siège du fort William Henry (appelé aussi fort George ; aujourd’hui Lake George, New York) ; jusqu’à la fin de la guerre de Sept Ans, des bateaux semblables – appelés « jacobites » probablement d’après le nom de leur inventeur, Jacau ou Jacob – furent d’ailleurs utilisés à maintes reprises.

Jacau retourna au fort Carillon avec des ouvriers en mai 1758 et prit part à la bataille du 8 juillet. Au mois de mai 1759, il était employé à construire un pont sur la rivière Saint-Charles, près de Québec. Il s’occupa de l’artillerie pendant le siège de la ville, sous les ordres de Le Mercier, puis de Fiacre-François Potot de Montbeillard. Lors du conseil de guerre réuni par Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay, le 15 septembre 1759, pour décider de la conduite à suivre après la défaite des plaines d’Abraham, seul Jacau de Fiedmont se déclara en faveur de la résistance à outrance et suggéra de « réduire la ration et de pousser la défense de la place jusqu’à la dernière extrémité ». Le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] dit de lui quelques jours plus tard « qu’il s’est comporté supérieurement et qu’il est digne des plus grands éloges et des grâces de Sa Majesté ». Jacau fut créé chevalier de Saint-Louis le 8 février 1760.

LUC DE LA CORNE

Entre différentes apparitions à Montréal ou à Québec pour rendre compte de ses expéditions, voir à ses affaires ou escorter des Indiens envoyés en députation des pays d’en haut, nous retrouvons La Corne Saint-Luc, devenu lieutenant en 1748, occupé à diriger un convoi vers Michillimakinac où l’entreprenant Jacques Legardeur de Saint-Pierre venait de succéder comme commandant au chevalier de La Corne.

Luc de La Corne continua de se distinguer dans la carrière militaire. Deux années de suite, en 1753 et en 1754, le gouverneur Duquesne le recommanda comme commandant d’une compagnie, soulignant que c’était « un homme brave et habile au recrutement ». Sa commission de capitaine lui fut octroyée le 15 mars 1755. Cette année-là, il servit comme un des « officiers attachés aux Sauvages », sous les ordres du baron de Dieskau*, dans une importante expédition destinée, selon le plan du gouverneur Vaudreuil, à conjurer la menace d’une avance anglo-américaine par la voie du lac Champlain – menace qui se concrétisa par la construction des forts Lydius (appelé aussi fort Edward ; aujourd’hui Fort Edward, New York) et George (aussi appelé fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York). C’est contre ce dernier fort qu’en août 1757 Montcalm* remporta l’une des plus brillantes victoires françaises, à laquelle contribua La Corne Saint-Luc qui avait reçu le commandement des Indiens sur l’aile gauche. Malheureusement, le 10 août, le massacre, après la capitulation, de la garnison anglaise sur le chemin du fort Lydius par les Indiens alliés, vint ternir l’éclat de ce haut fait. On alla même jusqu’à rendre la cour de France responsable des cruels procédés utilisés par les Indiens. La Corne Saint-Luc, chargé avec d’autres officiers d’escorter le lieutenant-colonel George Monro et sa garnison, n’avait pu empêcher l’agression des Indiens.
En 1758, La Corne Saint-Luc se distingua dans un type d’action militaire qui cadrait parfaitement avec la stratégie de « petite guerre » préconisée par Vaudreuil. Il sut profiter de la victoire de Montcalm à Carillon (Ticonderoga, New York) pour se lancer, à la fin de juillet, avec un détachement de 400 Canadiens et Indiens, à l’attaque d’un convoi ennemi sur le chemin du fort Lydius. En plus de faire 64 prisonniers, ils levèrent 80 chevelures, massacrèrent de nombreux bœufs et gaspillèrent les vivres. Il fallait faire vite, de crainte d’un retour surprise de l’ennemi. Cette levée de trophées à la manière indienne souleva l’indignation de plusieurs contemporains de La Corne Saint-Luc, dont celle des Américains. Mais aux yeux du gouverneur Vaudreuil. cette action d’éclat lui méritait la croix de Saint-Louis. Ainsi en fit-il l’éloge dans son tableau apostillé, le 6 novembre 1758 : « Ce capitaine a très bien servi dans tous les terris. Il a fait toutes les campagnes depuis cette guerre et s’est toujours distingué, particulièrement cette dernière campagne à Carillon ayant été à la tête d’un détachement en embuscade sur le chemin du fort Lydius où il a entièrement défait un convoy ennemy. » Le 1er janvier suivant, il fut fait chevalier.
À la veille de la prise de Québec, en septembre 1759, La Corne Saint-Luc collabora aux plans de défense sur le lac Champlain. Vaudreuil approuva ses suggestions et celles de Louis-Joseph Gaultier de La Vérendrye. À la bataille de Sainte-Foy, en avril 1760, à titre de commandant des Indiens, il fit partie de l’avant-garde sous les ordres de François-Charles de Bourlamaque*. Il y fut même blessé.

La défaite consommée, La Corne Saint-Luc songea à passer en France. Le 15 octobre 1761, il partit à bord de l’Auguste avec bon nombre de représentants de la noblesse canadienne dont Louis-Joseph Gaultier de La Vérendrye. L’y accompagnaient son frère le chevalier, deux de ses enfants et deux de ses neveux qu’il devait malheureusement perdre un mois plus tard, lorsque le navire fit naufrage à proximité du cap North, sur l’île du Cap-Breton. Des 121 passagers et membres d’équipage, seuls sept échappèrent à la mort. La Corne Saint-Luc, un des heureux rescapés, publia le récit de ce voyage : il y raconte comment, après maintes péripéties, il réussit, malgré la saison froide, le manque de vivres et de moyens de transport, à trouver du secours pour ses infortunés compagnons et à parcourir 550 lieues, ayant dû traverser toute l’île du Cap-Breton jusqu’au détroit de Canso, longer la côte nord-ouest de la Nouvelle-Écosse jusqu’à la baie Verte (Nouveau-Brunswick), emprunter la rivière Saint-Jean jusqu’au portage de Témiscouata, puis de Kamouraska se rendre à Québec qu’il atteignit le 23 février 1762, après 100 jours de marche impossible.



FRANÇOIS-MARC-ANTOINE LE MERCIER


Le Mercier est nommé aide d’artillerie en 1748. La guerre finie, il est envoyé en France pour y étudier formellement le maniement de l’artillerie, la fabrication et la fonte des pièces ainsi que les notions élémentaires des fortifications et doit se soumettre à un examen. Il séjourne dans plusieurs villes et, pour acquérir de l’expérience, visite des forges, dont celles de Rancogne (dép. de la Charente) où l’on fond des canons. Au début de 1750, il est promu lieutenant et chargé du commandement d’une compagnie de canonniers-bombardiers, la première unité du genre à être envoyée au Canada ; de Rochefort il se rend à l’île de Ré, où il entraîne ses recrues. De retour au Canada avec sa compagnie, il impressionne fortement le gouverneur La Jonquière [Taffanel*] par la discipline qu’il obtient des artilleurs et le soin qu’il prend de l’artillerie. En 1751, Le Mercier dirige la fonte d’une centaine de pièces de canons et d’une douzaine de mortiers aux forges du Saint-Maurice, à Trois-Rivières, mais il semble que l’intendant Bigot ait mis fin aux opérations militaires des forges après 1752, entre autres, à cause de l’absence de maîtres fondeurs spécialisés.

En 1753, le nouveau gouverneur de la colonie, Duquesne, décidé à assurer la suprématie française dans la région de l’Ohio, organise une vaste campagne [V. Paul Marin de La Malgue]. Le Mercier y participe, remplissant les fonctions d’ingénieur ; il est aussi mis en charge du détail des vivres. En avril, il quitte Montréal avec un petit détachement et se dirige vers le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Il apporte au cours de l’été son aide à la construction des forts de la Presqu’île (Erie, Pennsylvanie) et de la rivière au Bœuf (Waterford, Pennsylvanie), érigés pour couper court aux prétentions des Anglais sur ce territoire. La même année, il est promu capitaine, mais n’obtient pas la croix de Saint-Louis que Duquesne a sollicitée pour lui. Le gouverneur lui confie cependant la direction du génie et de l’artillerie dans la colonie.

Le printemps suivant, Le Mercier retourne au fort de la rivière au Bœuf avec une troupe de 360 soldats et miliciens. Il est aussitôt chargé par Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur d’aller déloger les Anglais qui ont commencé la construction d’un fort sur la rivière Ohio ; il y réussit et continue la construction du fort auquel il donne le nom de fort Duquesne (Pittsburgh, Pennsylvanie). Au début de l’été, une expédition est organisée pour venger la mort de Joseph Coulon* de Villiers de Jumonville, tué le 28 mai 1754 au cours d’une embuscade organisée par George Washington. C’est Louis Coulon* de Villiers, frère de Jumonville, qui reçoit le commandement de 500 hommes, et Le Mercier le seconde. Ils chassent Washington et son détachement du fort Necessity (près de Farmingtôn, Pennsylvanie) où ils s’étaient réfugiés et reviennent au fort Duquesne. À l’automne, Le Mercier est envoyé en France afin de rendre compte des opérations auxquelles il a participé pendant les deux dernières campagnes en Amérique. Il embarque à bord de la Parfaite Union le 15 octobre avec Bigot, Michel-Jean-Hugues Péan et son épouse, Angélique Renaud d’Avène Des Méloizes.

Le Mercier revient à Québec au printemps de 1755. En septembre, il participe à la bataille du lac Saint-Sacrement au cours de laquelle il sert probablement de conseiller à Dieskau* – Montcalm*, qui n’a pas été témoin de l’événement, se permettra de dire plus tard que Le Mercier a « fait battre et prendre M. de Dieskau ». Durant la retraite de l’armée française il forme l’arrière-garde et réussit avec ses dix hommes à se tirer d’une embuscade tendue par 250 Anglais. L’été suivant, Le Mercier commande l’artillerie à la prise de Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York), la première opération militaire de Montcalm en Nouvelle-France, et son intrépidité vient à bout des tergiversations du général concernant l’emplacement et la mise en batterie des canons. Montcalm réussit en six heures à faire tomber Chouaguen avec une seule batterie de neuf canons à barbette, mais il ne pardonnera jamais à Le Mercier, qu’il considère comme « un ignorant et un homme foible », de lui avoir fait la leçon.

L’artillerie coloniale compte, en 1757, 8 officiers, dont Louis-Thomas Jacau de Fiedmont, et 180 artilleurs ; Le Mercier n’est toujours que capitaine mais reçoit un brevet de commandant d’artillerie et une pension de 400ª. La même année, le roi lui accorde la croix de Saint-Louis. Durant les mois de février et mars 1757, Le Mercier participe à l’expédition menée par François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil contre le fort George (appelé aussi fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York). L’attaque est contremandée, mais Rigaud, après avoir fait brûler les alentours du fort, envoie Le Mercier sommer le commandant anglais de se rendre. La sommation est toutefois refusée et le siège levé. Au mois de mai, Le Mercier se trouve à Québec et s’occupe de rassembler main-d’œuvre et vivres pour le fort Carillon (Ticonderoga, New York), où il se rend à la fin de juin. En août, il participe au siège du fort William Henry. Après avoir passé l’hiver dans la colonie, il retourne au fort Carillon à l’été de 1758. Le 8 juillet, c’est lui qui commande l’artillerie, distribue munitions et rafraîchissements durant l’attaque, conduite par Abercromby, qui se solde par une insigne victoire pour Montcalm. Il passe le reste de l’année à Montréal, puis à Québec. Ses longues soirées d’hiver sont souvent passées en compagnie des membres de la Grande Société, dont faisait partie Bigot, avec lesquels il s’adonne au jeu.

À la fin de mars 1759, Le Mercier se rend aux Cèdres, en amont de Montréal, afin d’y assurer le transport des vivres jusqu’au fort Niagara. En avril, il est à Québec où il fait, semble-t-il, état des mesures défensives. Durant le siège de la ville, il commande l’artillerie tout en étant chargé de la distribution des vivres à l’armée qui est soumise à la ration comme la population. Il doit en outre pourvoir de poudre et de munitions quelque 300 canons et mortiers de différents calibres installés en batteries sur une longueur de dix milles et en assurer la sécurité, compromise par les bombardements et les incendies. Par ailleurs, Le Mercier doit faire face constamment à la confusion du commandement, s’accommodant des ordres et des contrordres de Montcalm et du gouverneur Vaudreuil [Rigaud], de leurs sautes d’humeur et surtout de leur jalousie. À quelques occasions, il sert de parlementaire entre le gouverneur et l’amiral Saunders. Le 23 juillet, il réussit par un feu d’artillerie bien dirigé à empêcher plusieurs vaisseaux anglais de forcer le passage en amont de la ville. Cette action retardera de cinq semaines l’exploit qui assurera la victoire aux Britanniques. Le 9 août, à la nouvelle de la chute du fort Niagara, Vaudreuil envoie Le Mercier avec Lévis et La Pause [Plantavit*] achever la construction du fort Lévis (à l’est de Prescott, Ontario). C’est Fiacre-François Potot de Montbeillard qui le remplace dans ses fonctions de commandant d’artillerie.

Après la chute de Québec, Le Mercier se rend à Montréal où il voit à l’approvisionnement de l’armée. En octobre, craignant que le fort de l’île aux Noix, sur le Richelieu, ne soit attaqué, il s’y rend, puis revient à Montréal une fois le danger passé. Lorsqu’il embarque pour la France, le 25 novembre 1759, à bord du Machault, il est chargé d’aller renseigner la cour sur la situation et les besoins de la colonie, mission dont il s’acquitte avec maîtrise. Il se retrouve cependant au nombre des accusés lorsqu’une commission est mise sur pied pour juger des malversations commises dans la colonie avant la Conquête. Le Mercier est arrêté et incarcéré à la Bastille, mais déchargé de toute accusation et relâché lorsque, en décembre 1763, le jugement dans l’Affaire du Canada est enfin rendu. Par la suite, il s’installe, semble-t-il, à Lisieux, en Normandie, où il vit encore en 1798, à l’aise mais dans l’oubli.

François-Marc-Antoine Le Mercier n’a pas joué un rôle de premier plan dans le drame de la perte de la Nouvelle-France. Il n’a jamais détenu le grade ni les pouvoirs qui lui auraient permis d’apporter de grands changements dans l’organisation et l’administration tant civile que militaire de la colonie. Il a certes profité du système pour s’enrichir, ce qui fit dire à Montcalm en 1759 : « cet officier venu simple soldat il y a vingt ans sera bientost riche d’environ 6 ou 700 000ª. peut estre un million si ceci dure ». Le général, par ailleurs, ne cachait pas son inimitié pour Le Mercier et il laissa maints témoignages injustes à son égard, l’accusant de s’occuper surtout de ses finances et de négliger ses obligations militaires. « M. Mercier qui n’est jamais nulle part parce qu’il est partout, écrit-il, [...] ne néglige peut-être que la seule partie relative à son métier. » En fait, Le Mercier tenta toujours de s’acquitter du mieux qu’il put de toutes les responsabilités qui lui furent confiées, mais celles-ci, parfois trop nombreuses, l’empêchèrent de s’adonner pleinement à son métier d’officier d’artillerie.


FIACRE-FRANÇOIS POTOT DE MONTBEILLARD


Fiacre-François Potot de Montbeillard entra dans l’armée française en 1741 et, en 1756, parvint au grade de capitaine en second dans le corps royal d’artillerie et de génie. En 1757, la cour de Versailles approuva une recommandation du gouverneur de la Nouvelle-France, Vaudreuil [Rigaud], suivant laquelle l’artillerie des troupes de la Marine passerait d’une à deux compagnies. Afin de contribuer à cette expansion, on envoya un détachement de six officiers et de 20 hommes de l’artillerie régulière au Canada. Montbeillard était l’officier le plus élevé en grade de ce groupe qui y parvint à l’été de 1757. Il devint le commandant de la seconde compagnie d’artillerie. Le commandant des deux compagnies était le capitaine François-Marc-Antoine Le Mercier, officier aux qualités professionnelles limitées qui se trouvait dans le pays depuis de nombreuses années et que Montcalm*, commandant des troupes régulières françaises au Canada, considérait comme l’un des principaux concussionnaires de la colonie.

Montbeillard se vit immédiatement mêlé aux rivalités et aux tensions qui, dans le Canada de l’époque, séparaient le Français du Canadien, le soldat professionnel de l’irrégulier et Montcalm de Vaudreuil. On l’avait fortement recommandé à Montcalm qui, de plus, voyait clairement en lui un officier de haute compétence et de grandes connaissances professionnelles. Montcalm en fit son auxiliaire et son conseiller lorsqu’il dressa des plans pour la défense de Québec. Nul doute que cette association déplaisait à Vaudreuil. En tant qu’officier régulier affecté aux troupes de la Marine qui se trouvaient sous le commandement de Vaudreuil, Montbeillard était dans une situation équivoque. En 1758, le gouverneur tenta de subordonner Montbeillard à l’autre commandant de batterie, Louis-Thomas Jacau de Fiedmont, qui, selon Montbeillard, était moins ancien que lui. Montcalm appuya fortement Montbeillard et le différend semble avoir été réglé sans que la position de ce dernier en eût subi préjudice. Au début de 1759, il fut décoré de la croix de Saint-Louis. Cette année-là, son statut s’améliora beaucoup. En août, pendant que Wolfe* assiégeait Québec, on apprit que les Britanniques avaient pris le fort Niagara (près de Youngstown, New York) ; Lévis fut envoyé vers l’ouest avec un fort détachement des troupes de Montcalm à Québec pour se prémunir contre toute attaque provenant de cette direction. Le Mercier l’accompagnait, manifestement en qualité d’officier d’état-major, à la grande satisfaction de Montcalm. À partir de ce moment jusqu’à la capitulation l’année suivante, Montbeillard est mentionné comme commandant d’artillerie et en occupe la charge dans la région de Québec et dans toute la colonie.

Montbeillard dirigea l’artillerie française (cinq ou six canons) à la bataille des plaines d’Abraham. À ce moment-là, il était en relations étroites avec Montcalm et tenait le journal du général. C’est à lui que nous devons le seul compte rendu direct de l’appréciation par Montcalm de la situation avant la bataille, qui l’amena à effectuer l’attaque tragiquement prématurée de l’armée de Wolfe : « Si nous lui [l’ennemi] donnons le temps de s’établir, nous ne pourrons jamais l’attaquer avec l’espèce de troupes que nous avons. » Lors de l’attaque, Montbeillard se trouvait avec son détachement d’artillerie sur le flanc gauche des Français. Il le fit avancer avec circonspection ; la prudence de cette manœuvre se reflète dans le fait que, malgré la déroute complète de l’infanterie française, il ne perdit que deux de ses canons. Au printemps de 1760, il dirigea le bombardement pendant le siège de Québec par les Français et, plus tard dans la saison, il se trouva mêlé à la tentative infructueuse de contenir, ou du moins de retarder, l’avance de Murray qui remontait le Saint-Laurent sur Montréal. Il était membre du conseil de guerre qui, le 6 septembre 1760, conseilla à Vaudreuil d’entreprendre des pourparlers de capitulation. Cet automne-là, il retourna en France sur le même navire que Lévis.

Ayant repris du service dans le corps royal d’artillerie et de génie, Montbeillard se vit attribuer, en 1761, une pension de 400ª pour avoir commandé l’artillerie au Canada.


GABRIEL PELLEGRIN

Pellegrin attira particulièrement l’attention des autorités en 1755, année où il pilota jusqu’en France une grande escadre, via le détroit de Belle-Isle, parce qu’on croyait les Britanniques à l’affût sur la route habituelle, au sud de Terre-Neuve [V. Emmanuel-Auguste de Cahideuc*, comte Dubois de La Motte ; Edward Boscawen*]. Pour sa réussite, il reçut une gratification de 4 000ª, une allocation annuelle de 600ª et sa promotion au poste d’adjoint au capitaine de port à Québec. Pendant son séjour en France, il dressa deux cartes représentant le Saint-Laurent dans toute sa longueur et soumit une longue critique des cartes du fleuve récemment publiées en France. Au printemps de 1756, Montcalm*, le nouveau commandant, avec qui il fit voile pour le Canada, à bord de la Licorne, conçut de lui une impression favorable. On faisait peu appel aux services de Pellegrin, cependant, mais, à l’automne, on lui confia le commandement de l’Abénaquise et la mission de porter des dépêches en France. Il emprunta de nouveau la sortie nord du golfe Saint-Laurent et, après avoir atteint la France sain et sauf, il se vit accorder le grade modeste, mais effectif, de capitaine de brûlot dans la marine ; cette promotion souleva la jalousie du capitaine de port, Cerry, qui n’avait aucun grade dans la marine. En septembre 1757, Pellegrin revint à Québec et fut nommé hydrographe du roi, en remplacement du père Joseph-Pierre de Bonnécamps. Pellegrin se plaignit à l’intendant Bigot du petit nombre de personnes qui étudiaient la navigation et le pilotage, mais des affaires plus urgentes sollicitaient la colonie, si bien que le poste de Pellegrin devint une sinécure.

Peu après son retour au Canada, Pellegrin renoua connaissance avec Montcalm et, en octobre 1757, en compagnie du premier officier de l’artillerie, Fiacre-François Potot de Montbeillard, et de Bougainville*, il inspecta la rive nord du Saint-Laurent, de Québec au cap Tourmente. À cet endroit, le groupe découvrit un emplacement propre à l’installation d’une batterie défensive, à l’abri d’une attaque et, à la fois, assez rapproché du chenal pour que les navires ennemis fussent sous le feu pendant près d’un quart d’heure. Pendant l’hiver, Pellegrin continua de développer, relativement à la défense du Saint-Laurent, des idées qui se distinguaient par leur côté pratique. Il fut probablement à l’origine des recommandations faites par Bougainville au ministre de la Marine au cours de l’hiver de 1758–1759, et qui insistaient sur le fait que la défense de la colonie devait commencer à Gaspé et à Sept-Îles. Aucun ennemi, écrivait Bougainville, ne pourrait passer à travers dix navires de guerre, bien placés, qui seraient stationnés dans le Saint-Laurent. Plusieurs de ces navires, advenant le cas où ils seraient en danger de couler après un engagement avec l’ennemi, seraient échoués et serviraient de batteries aux endroits indiqués par Pellegrin. On devrait ordonner aux autorités de la colonie de consulter Pellegrin et René-Nicolas Levasseur, le maître constructeur de navires, sur tout ce qui touchait les défenses côtières. Pendant ce temps, Montcalm faisait parvenir à Vaudreuil [Rigaud] un rapport semblable, signé par Pellegrin, auquel il donnait son approbation. Même si, en février 1759, le ministre de la Marine donna au gouverneur et à l’intendant l’ordre de recourir à Pellegrin, l’avis de ce dernier continua néanmoins d’être ignoré. Le fait de n’avoir pas mis en œuvre les recommandations de Pellegrin fut conséquent de la négligence ou de la pression d’autres intérêts, et il reste que la responsabilité en revient au gouverneur Vaudreuil.

Quand, en mai 1759, on apprit la présence dans le fleuve de navires britanniques, on proposa au conseil de guerre de couler dix des plus gros navires de la colonie dans la Traverse, le difficile passage situé au sud-est de l’île d’Orléans. Pellegrin, occupé à retirer les balises de la Traverse et à leur en substituer de fausses, pour tromper les pilotes, ne fut même pas invité à la réunion. À son retour, il fit rapport sur l’impossibilité de bloquer le passage. Six jours plus tard, le 1er juin, tous les navires, sauf quelques-uns qui transportaient des provisions et quelques frégates, furent envoyés, par mesure de sécurité, à Batiscan, à 50 milles en amont de Québec. Peu après, Pellegrin sonda le fleuve au large des battures de Beauport, afin de déterminer jusqu’à quel point les navires ennemis pourraient s’approcher pour bombarder la rive ; par la suite on refusa ses offres de service. Il ne prit aucune part, en juillet, à l’attaque des brûlots (V. François-Louis Poulin* de Courval), qui échoua, comme il l’avait prévu. Le 15 septembre, il fut parmi les signataires des articles de la capitulation de Québec.


JEAN VAUQUELIN

Vauquelin reçut, le 26 avril 1757, le commandement de la frégate Tourterelle et put entrer dans la marine royale, en février 1758, comme lieutenant de frégate. Il se vit aussitôt confier le commandement de la Pèlerine, une frégate de 30 canons récemment achetée par le roi à un armateur du Havre et rebaptisée Aréthuse. Envoyé à l’île Royale (île du Cap-Breton), Vauquelin réussit à entrer dans le port de Louisbourg, le 9 juin, malgré le blocus d’Edward Boscawen*, et prit une part très active à la défense de la place. L’Aréthuse, embossée près de l’anse du Barachois, gêna considérablement les opérations de débarquement des Anglais en les prenant à revers et en les tenant sous son feu ; son tir précis provoqua chez eux des pertes considérables et retarda de manière notable l’avancement des travaux du siège. Au début du mois de juillet, Vauquelin obtint du gouverneur Augustin de Boschenry* de Drucour l’autorisation de passer en France pour y porter des dépêches et informer le ministre de la Marine du triste état de la place. Il appareilla dans la nuit du 14 au 15 juillet, força une seconde fois le blocus anglais et parvint sans encombre en Europe après une traversée très rapide, puisque l’Aréthuse mouilla à Santander, en Espagne, le 2 août. Cette brillante campagne valut à Vauquelin une lettre de félicitations du ministre, qui écrivit le 15 août : « les témoignages qui m’ont été rendus de votre conduite à Louisbourg pendant le temps que vous y êtes resté vous sont entièrement favorables et je ne puis qu’être content de la célérité de votre navigation pour votre retour, surtout dans l’état où est la frégate ».

Vauquelin vint au Canada l’année suivante à bord de la frégate Atalante dont il avait reçu le commandement. Nommé capitaine de brûlot pour la campagne, il quitta Rochefort le 13 mars 1759 et, dès son arrivée dans la colonie, fut chargé par le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] de l’inspection des batteries dans le secteur de Québec ainsi que de tout ce qui concernait la marine. Vauquelin s’acquitta de sa mission avec l’activité qui lui était naturelle et LÉvts fit « les plus grands éloges de la bravoure et de l’intelligence de cet officier ». Il est néanmoins certain que les forces navales furent mal utilisées au cours du siège de Québec. On eut bien l’idée de lancer des brûlots sur la flotte anglaise, mais l’opérationne fut pas confiée à des marins, de sorte qu’elle échoua lamentablement. La flotte anglaise sous la direction de Charles Saunders put s’assurer sans peine la maîtrise du fleuve, donc la liberté de manœuvre. On envisagea, à la fin du mois d’août, d’attaquer les bâtiments anglais mouillés en amont de Québec mais il aurait fallu rappeler pour cela les matelots qui servaient sur les batteries ; on renonça donc à ce projet.

Au printemps de 1760, Vauquelin constitua, avec l’Atalante, la Pomone, la Pie, une flûte, et quelques unités légères, une petite division qui partit de Sorel vers Québec, le 20 avril, pour suivre l’armée de Lévis et la ravitailler. Il atteignit l’anse au Foulon le 28 avril, le jour même de la bataille de Sainte-Foy qui assura une victoire aux Français. Lévis continua le siège de la ville mais, le 9 mai, une frégate anglaise arriva devant Québec, bientôt rejointe par une autre frégate et un vaisseau [V. Robert Swanton*]. Pris en chasse, le 16 mai, par le Lowestoft et le Diana, Vauquelin les attira vers Cap-Rouge pour sauver les dépôts de l’armée et dut ensuite s’échouer à Pointe-aux-Trembles (Neuville). Il épuisa ses munitions, puis fit évacuer son équipage après avoir, sous le feu incessant de l’ennemi, cloué son pavillon au mât et jeté son épée dans le fleuve. Blessé, il fut fait prisonnier avec les trois officiers, l’écrivain, l’aumônier et les six matelots restés à bord. Le lendemain, les Anglais incendièrent l’Atalante, réduite à l’état d’épave. Vauquelin avait, semble-t-il, fortement impressionné ses ennemis par sa bravoure. Il fut rapidement libéré et put rentrer en France.

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El Nino
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Biographies

Fri Jul 23, 2010 8:45 am

A savoir,

J'ai monté les biographies en français de tous les généraux de la guerre du Canada (sur le modèle de ROP), et je m'attèle à celles de la guerre d'indépendance (dont une bonne partie est terminée).

Lorsqu'elles seront traduites en anglais, elles devraient être intégrées à un prochain patch. :cuit:

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